Dans le précédent article, nous avons expliqué la technique très connue des joueurs de poker, le « continuation bet ».
Cette technique a de multiples avantages. Elle peut cependant être contrée dans certains cas par un mouvement en 2 temps appelé le « floating ».
Le principe du floating est de contrer un joueur abusant du continuation bet, en suivant sa mise au flop pour avoir une information à moindre coup au turn.
Exemple :
Table de 6 joueurs en NL 10€ (blinds : 0.05€/0,10€). Nous sommes au bouton avec 9 et 10 de Pique.
Le joueur situé juste à notre droite (cut-off) fait une ouverture standard de 0,40€. C’est un joueur sérieux et agressif.
Nous suivons avec notre main à potentiel. Le Small blind (sb) et le big blind (bb) passent.
Pot : 0,05€ (sb) + 0,10€ (bb) + 0,40€ + 0,40€ = 0,95€
Le flop sort : 2 6 8 rainbow (multicolore)
Notre adversaire s’empresse de miser 0,60€.
Nous savons que la plupart du temps, il n’aura rien touché sur un tel flop (ce qui aurait été sans doute différent sur un flop A K 9 par ex…). Nous savons également que c’est un joueur agressif qui possède le continuation bet dans sa panoplie.
Il essaie de représenter une pocket pair ou même mieux, une overpair, peut-être qu’il a une telle main d’ailleurs ! Les probabilités pour qu’il ait brelan sont plus minces, car dans ce cas, il aurait slowplayé une main si forte sur un flop si « pauvre ». On est sûr de rien…
Il y a de grande chance qu’il fasse un continuation bet en pur bluff mais ce n’est pas une certitude. Et nous avons un vague tirage quinte par le ventre. Cependant nous n’abandonnons pas le coup, un peu de résistance ne fait pas d mal.
Plutôt que de relancer immédiatement pour prendre de l’information (ce qui coûterait assez cher dans le cas où il sur-relance ou même suive), nous décidons de juste caller (suivre) pour voir comment il joue le turn.
Ici, le simple fait que nous nous contentions de suivre peut être considéré comme une grande force par mon adversaire. On peut avoir embusqué une bonne main (brelan, overpair, ou même deux paires), ce qui rendra sa décision difficile à la turn.
Pot : 0,95€ + 0,60€ + 0,60€ = 2,15€
Le Turn sort : 5
Notre adversaire hésite un moment et check.
Voilà ! Nous avons une information. Son check nous conforte dans l’idée qu’il n’a rien. Son semblant d’hésitation ne joue également pas en sa faveur, le plus souvent c’est un aveu de faiblesse.
Nous prenons notre temps et misons 1,50€. Notre adversaire ne s’obstine pas et jette sa main en montrant A-K. Il nous voyait certainement sur brelan ou même quinte (avec 7-9 par exemple).
Nous ne montrerons pas notre main, et je vous invite à ne jamais le faire, nous verrons pourquoi dans un prochain article.
Nous avons remporté un pot de + de 2€ sans rien en main et en prenant un minimum de risque. Nous avons simplement analysé le coup et agit en conséquence. Notre « floating » a parfaitement fonctionné.
Important : la technique du « floating » est difficilement applicable hors de position.
Il est primordial au poker de mixer son jeu, comme vous le savez maintenant. C’est pourquoi il ne faut pas effectuer un floating systématiquement. Notamment en fonction de l’image que l’on a, à la table, et des caractéristiques des adversaires, ainsi que de la texture du flop.
Une excellente stratégie consiste à faire du « floating » quand vous n’avez rien en main, mais également quand vous touchez un monstre. Vos adversaires seront totalement désorientés par votre style.